Tuesday, November 3, 2009

Trakl-Tod


An Novalis
In dunkler Erde ruht der heilige Fremdling
In zarter Knospe
Wuchs dem Jüngling der göttliche Geist,
Das trunkene Saitenspiel
Und verstummte in rosiger Blüte.
Georg Trakl (Nachlass, Gedichte 1912-1914, 2 Fassung)
Der Tod ist eigenste Möglichkeit des Daseins. Das Sein zu ihr erschliesst dem Dasein sein eigenstes Seinkönnen, darin es um das Sein des Daseins schlechtin geht.
Martin Heidegger, Sein und Zeit, 1927, Max Niemeyer Verlag 1967, p. 263.
... "alors qu'il suffit de recevoir tranquillement une balle perdue sur un champ de bataille, il était évidemment déjà fou avant de rentrer à l'hôpital, démence précoce, disent les autorités, précoce par rapport à l'autre folie, la folie élevée au carré d'un monde en proie à la frénésie suicidaire... De sorte que l'équation "folie précoce & privée + folie mûre & générale = zéro" vous est apparue comme le summum de l'évidence & du non-sens, d'une logique foudroyante et que votre Wittgenstein saurait exposer jusque dans toutes ses implications, jusqu'au suicide de la logique elle-même! Cela donnerait quelque chose de ce genre: un fou se tue pour ne pas être tué par d'autres, ou pour ne pas être fou comme les autres... Mais alors, était-il fou? Evidemment, aux yeux des autres; mais si ces autres étaient eux-mêmes fous, si la folie est l'évidence, le sens commun de ceux qui ont perdu le sens? Et s'il n'était pas fou, il était le seul à ne pas l'être, ce qui revient àdire qu'il était fou... On n'en sort pas, ou cela, cette logique grinçante aboutit au verdict lapidaire du communiqué militaire: Il est mort le 3 novembre [1914] vers 9 heures du soir et a été inhumé au cimetière voisin de Rakovitz..."
MFM, Tombeau de Trakl (Paris, Belin, collection "L'extrême contemporain" dirigée par Michel Deguy, 1992), p. 86.