Thursday, November 28, 2013

Gracias, amigo!


Wo aber sind die Freunde? Don Jorge
Mit dem Gefährten ? Mancher
Trägt Scheue, an die Quelle zu gehn;
Es beginnet nämlich der Reichtum
Im Meere.

Friedrich Hölderlin, Andenken 


Wednesday, October 9, 2013

Il y a là cendres






Mon dernier papier "sur" Derrida brûlé sur le sol nu contre la pompe à eau désarticulée.

Sunday, September 29, 2013

HOMME SWEET






"une désagrégation irrémédiable où l’homme est écartelé entre contenu et forme, et cela de telle sorte qu’à l’intérieur ne correspond aucun extérieur, et à l’extérieur, aucun intérieur."

Nietzsche caractérisé par Heidegger dans Interprétation de la Seconde Considération Intempestive, p. 329.

Wednesday, September 25, 2013

Toujours nos vieux démons



Déconstruction : Une opération sans douleur, mais aussi sans grande valeur. La « déconstruction » n’a jamais pris corps nulle part ; ou alors, comme des parasites se greffent sur un hôte, qui devait à la vérité d'être déjà tout pourri : la Métaphysique a eu droit à une mort en douceur, au moins. 
Sur un vieux carnet rempli des notes prises à écouter Derrida parler du secret pendant des heures et des heures, je suis tombé sur ces mots (les premiers du séminaire) qui se donnaient comme un commentaire de l’appel (ou cri) de la « conscience » (cette instance souveraine sans laquelle il n’est pas de science digne de ce nom) tel qu’il fait irruption au début de la seconde section d’Etre & Temps : « l’autre me regarde ». L’autre ? Quel autre ? Et de quel droit peut-il donc me regarder ? Moi – après tout c’est bien moi et moi seul que cela regarde – je n’aime pas du tout être regardé, quand je dors, par exemple, ou quand je vais « là où le roi va tout seul », et même quand je mange. L’autre est une « ruse de la raison », une invention du même pour se tenir compagnie – nous devrions le reconnaître une fois pour toutes, il n’y a que le même à pouvoir se transformer en une infinité d’ « autres ». Ce qui veut aussi dire qu’il n’y a pas d’autre au singulier, avec ou sans majuscule divine. Comme substantif, « autre » ne devrait s’employer qu’au pluriel – sinon il occupe la place de Dieu… ou du Jugement Dernier. La conscience n’appelle à aucun grand Autre – elle ramène à soi, « comme » la voix de l’ami [neutre] en soi. L’ami n’est jamais « l’autre », autrement tous les autres seraient nos amis. L’ami n’est même pas quelqu’un, homme ou femme. Plus loin, Derrida développait la « structure du secret » sous la forme d’un double « qui » et « quoi » : a) ce que je ne partage pas ; b) ce qui me partage. Cela, Héraclite l’appelle « démon », et ne saurait se traduire par « l’autre ». « Autre » viendra toujours après – mais pas après « moi » qui ne suis à mon tour qu’un autre au regard du « démon » qui me partage sans que je puisse le partager (à volonté). Il fait le partage – en « moi » - entre ce qui est propre (non partageable) et ce qui est commun.   



Friday, September 20, 2013

Sol-ipsisme

"L'angoisse rend seul et révèle l'être-là comme solus ipse. "Solipsisme" existential qui place l'être-là, et au sens le plus rigoureux face au

monde comme monde et en même temps face à lui-même en tant qu'être -au-monde."
Heidegger, Etre & Temps, p. 188 (§40).

Friday, September 13, 2013

En souvenir de Coco



J'allais parler de mon enfance et de l'absence de souvenirs comme si ce temps tout entier s'était dérobé, pas effacé mais à me réserver peut-être dans l'avenir. Une analyse ne me les rendra jamais au juste que sous la forme de représentations dont je serais fabriqué acteur. C'est ce que je m'étais dit autrefois, mais évidemment l'analyste compétent, l'autorité en la non-matière de la psyché, m'a tout de suite renvoyé à mon absence d'études. Je n'y étais pas, on n'entreprend pas une analyse qui va durer peut-être toute la vie juste pour retrouver des souvenirs d'enfance, d'autant plus qu’ils n'ont pratiquement rien d'intéressant ni d'intime. Et puis, de mon côté, je ne sais pas exactement de quel côté ni même si j’en ai un ou sinon s'il n’habite pas à côté de mes pompes, moi.... Il ne faut pas s'arrêter.. Il faut continuer. Peut-être la seconde sortie au jour reviendra-t-elle enfoncée dans la fuite des temps, le temps du jour étant la fuite tout à la fois et pourtant tout séparé mais aussi parallèle en sens inverse, ainsi donc la séance était le double sens et pourtant rien qui n’ait été répété. Une fois pour toutes dans les siècles des siècles & lui, mon dieu pendant tout ce temps qu'as-tu fait ? Blanchot je dictais pas grand-chose et voilà blanc chose qui ressort à point nommé. Je me demande si je vais continuer à dicter la ponctuation, je ne crois pas car c'est lassant mais pourquoi suis-je si las alors que je suis censé ou plutôt insensé être guéri ? J'ai ajouté le ? car je ne sais pas si c'est une question vu que je ne sais ce que veut dire guéri ; si c'est l'avenir revenu à la normale, merci bien je préfère la maladie. Le Dasein, elle avait commencé par rendre ça par hasard et c'est un peu ça quand je dis qu'il a été jeté comme à la poubelle par tous les temps, tous les êtres & même par avion. Mais c'est par bateau, un vieux cargo caboteur, que je suis arrivé le vendredi 13 septembre 1963. De là une date solide, à peu près tout ce que je sais sur mon arrivée en Égypte. Alexandrie zéro souvenirs sinon ceux de mon frère qui tournaient autour de notre chienne de vie d'épagneul qu'on venait de me donner juste avant le voyage de la part de ma reine des périphrases, mais ce n'était pas du tout ma reine même ciel s'appelait Divine en grec, le prénom lui avait été donné probablement par son papa, un philosophe ou plutôt un historien de la philosophie douteuse, enfin ce monsieur avait une bibliothèque consistant surtout en des cartes le re-né notre seule gloire nationale que la Sorbonne a excommunié avant de l'empierrer en un dogme poussiéreux, donc je n'ai pas hésité et c’est un héritage que je n'ai jamais fait m'étant toujours pensédéshérité desdichado etc. mais cela valait mieux probablement à sa mort comme j'avais dit de ce malheureux professeur de philosophie à la Sorbonne pas un livre ne m'est échu sur la tête et ciel nous avons passé l'aspirateur ce matin or je suis en train de calomnier la poussière en la comparant à ce philosophe en pantoufles. Voyant que j'ai glissé je reviens à mes moutons, soit au chien qui s'appelait Coucou, non pas coucou mais Coco comme un communiste, c'était d'ailleurs l'abréviation du nom aristocratique Coriolan que la marraine Divine lui avait initialement donné, corps au lion sur un air de Champollion. Ce chien d'aristo communiste était admirablement éduqué même s'il était complètement fou et pendant les trois jours que dura la traversée de Venise à Alexandrie il s'était retenu mais à peine arrivé sur le quai, il s’est dit okay et s’est donc mis à inonder le premier palmier venu. Arrivé en Égypte je vous dis, il n'est pas difficile de me mettre à la place de mon chien : pendant deux ans pouvoir pisser sur le premier palmier venu en pleine rue ! Deux ans de bonheur intense absolu et peut-être est-ce la raison pour laquelle je n'avais aucune raison de garder des souvenirs. Depuis toujours la mémoire est la mémoire du mal, de ce qui fait mal à soi comme à un autre. 

Source: Livre des Morts, extraits du chapitre 41 "Textuellement"m 22 novembre 2005.

 

Tuesday, September 3, 2013

Pour saluer le retour de Louna



Et l’homme au cœur fidèle aime à plonger les yeux dans la nuit pure.
Qu’on lui dédie, ainsi qu’il sied, des chants et des couronnes !
Car elle est le trésor sacré des insensés et des morts ;
Et perdure, elle-même éternel esprit pur de toute contrainte.
Mais qu’elle aussi (car il le faut, afin qu’en notre séjour
Dans cette ombre, quelque chose nous soit gardé qui nous conforte),
Qu’elle aussi nous donne l’oubli, qu’elle aussi nous donne l’ivresse
Sacrée et le jaillissement de la parole ! et qu’ainsi, comme des amants,
Yeux jamais clos, coupes à ras bord, audace à vivre et sainte
Gouvernance, nous traversions la nuit au comble de l’éveil. 


Friedrich Hölderlin, "Pain & Vin"

Tuesday, August 27, 2013

La Taule Errance








Muraux d'Athenes, mai 2013. Copyright MFM.

Wednesday, August 21, 2013

Blue Moon




J'ai failli déménager. Cela me démangeait depuis des années et d'autres années. Des années à ne pas me ménager. J'ai horreur des ménages, de l'électroménager. Alors à force de nier l'âge je me retrouve perdu comme jamais. Je n'ai jamais pu me trouver autrement. C'est quand que la lune se lèvera bleue à tes lèvres desséchées par l'attente, la folle attente de ce qui ne viendra jamais au jour éteint? Au jour d'huis clos qui est devenu notre lot quotidien - cette fenêtre où s'affichent nos vains mots déjà tombés en poussière, nos mots-mis, nos faux amis, nos folies à lier tout et rien?
(Je ne sais pourquoi ça se finit en point d'interrogation - ou en queue de poisson, attention aux arêtes...)

Saturday, August 10, 2013

en signe de vie


photomontage du 25 décembre 2012, en mémoire du 10 août 1985

Thursday, June 13, 2013

De l'arbitraire des signes



En haut, photographie prise dans un village de la côte Ouest du Pélopponèse;
en bas, prise à l'occasion d'un voyage à Sparta (Tennessee).

Tuesday, April 23, 2013

l'expérience de penser



Quiconque a fait l'expérience de penser sait les dangers qu'il y a à s'identifier à ce qui « se » pense ; et doit maintenir ce qu’on appelle sans trop y penser une distance critique, répondant à une condition plus-que-critique où se trouve non pas « la » pensée (ce n'est pas un sujet valable, ou c'est un sujet trop valable pour pouvoir soutenir l'absence de sujet où ça se trouve pensé), mais ce avec quoi penser a affaire et que je persiste (et signe) à appeler « la chose même ». C'est elle qui appelle à penser, et, par là, il faut bien comprendre qu'elle ne pense pas « elle-même », mais souffre d'être impensée. Il faut non pas la forcer à faire ce qu'il lui est antipathique « naturellement », mais la mettre à cette « bonne » distance critique qui permettra et de la respecter et de la tenir en respect, s’aviserait-elle de nous faire la peau. En pensée, on ne touche rien ni personne, et pourtant on peut tuer mieux qu'avec une arme. Penser est une arme bien plus redoutable qu’on ne pense (c’est-à-dire qu’on ne pense pas). Supprimez la pensée de quelqu’un, et ce quelqu’un n’existe plus – à vos yeux, du moins, mais cela suffit car on ne tue personne pour les beaux yeux d’un(e) autre. Penser est l’arme absolue. Parce qu'insaisissable, donc imparable à moins, précisément, d’être paré à tout. Il ne s'agit pas, encore une fois, de cette croyance réputée infantile en la toute-puissance de la pensée. Car pensée et puissance font deux, au grand dam de Nietzsche ; par voie de conséquence, nulle impuissance : la catégorie même relève du penser, seul à valider un pouvoir qui peut toujours tourner en impuissance et réciproquement. Penser n'est ni fort, ni faible, ni même mesuré, agissant avant toute dépense de forces. Il est faux sur toute la ligne de prétendre que penser (trop penser, comme si c’était et possible et évitable), épuise ou même débilite, rende malade ou « fou ». On ne voit pas que, chez la majorité écrasante des animaux raisonnables, penser ne se voit qu’à ce que l'on n’entend ou ne comprend pas, à ce que l’on ne pense pas encore, précise Heidegger, avec un optimisme que je suis loin de partager. Dans tous les cas, c'est bien de là que penser prend son départ : de ce que ça ne se présente que comme sa propre absence. Comment penser l’absence de pensée devient alors la question la plus mordante. Pourtant, il doit bien y avoir un moyen pour briser ce tour de l'absence plus présente que tout ? Pas pour forcer penser à se présenter, en bonne et due forme (déclinant son identité, son nom), mais pour lui intimer le même, quoique inverse, « besoin ». Ce n’est pas le bon mot, car nul n'a besoin de penser comme on doit satisfaire ses besoins naturels (manger, boire, pisser, baiser, etc.) Penser ne « presse » que quand il n'y a pas moyen de faire autrement. Et c'est là que ça peut devenir dangereux, voire violent. C’est là aussi qu’il faut garder un calme absolu, un sang-froid vertigineux. Car penser n'est pas un moyen comme un autre de parvenir à ses fins, c'est plutôt penser qui dispose des fins de toute action.