On est le premier septembre. Ils célèbrent la déclaration de la dernière guerre. Les Américains n’ont envoyé qu'un sous-fifre car pour eux la guerre n’a commencé qu'avec Pearl Harbor et pas en Europe. Et je les comprends : encore une opération publicitaire douteuse des Polonais ! Le plus triste dans l’affaire est qu'en un sens mourir pour Dantzig, c’était mourir pour rien mais comme mourir-pour est déjà une tromperie... Et puis, il y en a assez, pourquoi célébrer des massacres ? Garder la mémoire ? Par ailleurs, on peut lire que le Hamas a refusé de laisser s'enseigner la Shoah dans les programmes distribués aux écoles par l'ONU, seule en charge de l'enseignement à Gaza. Présentée comme la propagande sioniste pour justifier l’occupation israélienne, la colonisation et l’oppression de la population arabe autochtone. Je ne sais pas si à demander l'arrêt des colonies sur la rive ouest, on ne heurte pas le principe fondateur d'Israël qui n'est qu'une colonie d'expatriés en majorité écrasante européenne. Seulement l’effet majeur de la seconde guerre est d'avoir amorcé le processus de décolonisation. À présent pourtant les guerres importent moins que par exemple le dérèglement climatique ou la maîtrise des ressources naturelles. Oui une dose d’oubli est nécessaire. Non pas de pardon car le pardon s'octroie un pouvoir qui en principe n'appartient qu'à Dieu ou à la victime, ni d’ignorance ; au contraire, l'enseignement des faits est plus que jamais nécessaire ; mais l’oubli comme la nuit sacrée : je ne sais pas si c'est formulable ainsi, de même que l'oubli peut prêter à confusion. Nul ne peut oublier ce qu’il n'a pas vécu. L'idée fausse est que les Israéliens d'aujourd'hui sont les mêmes que les Juifs qui allaient périr en masse dans les camps de concentration nazis. Or les Allemands d'aujourd'hui en célébrant la déclaration de guerre se présentent certes comme coupables mais aussi comme ceux qui ont appris leurs leçons, ils ont su tourner la page. Il serait temps qu'Israéliens et Palestiniens la tournent eux aussi. Le jeu ne vaut plus la chandelle.
Extrait de "Thoth", MFM, 2009
