Sunday, April 25, 2010

philosophie pour rire?

On est dimanche. Donc messe, donc pharmacie fermée. Tout ça est logique. Mais la logique n’aide pas à vivre. Philosophe martyr ? Ou seulement témoin de sa propre inadéquation ?
Docteurs du temple chassés. Pourquoi ? Ils ne savent pas ce qu’ils disent : c’est peut-être vrai, mais le vrai n’est pas vrai « peut-être », il ne peut l’être qu’à tous les coups. Donc pas la peine de les chasser, ces « marchands » de savoir. Pour y mettre qui à la place ? Toutes les églises sont pareilles.
Philosophie pour rire : rire innocent, celui du savoir : le savoir qui sait rire et faire rire, ni comique ni tragique, le juste rire du juste. Est juste qui sait s'entendre avec son démon, et c’est le seul but de l’existence. Un démon dont personne ne verra la face, un dieu qui se rit de toute apparence. C’est un peu sacrilège, un dieu qui rit, comme un philosophe qui se moque du monde : Socrate, le penseur « le plus pur » de l'occident, parce qu’il n’a rien écrit, rien laissé. Le rire, c’est sa seule arme, car sinon les philosophes se prennent trop au sérieux ; ne sont pas (encore) les artistes du rire qu’ils avaient annoncé, pas (encore) les prophètes en leur propre pays ; le savoir seul fait rire, c’est sa grande vertu, il allège, éclaire, libère une clairière.
Mais il n’est pas facile, ce savoir ; pas très gentil non plus. Même très dur. Alors il faut lui casser les dents. Sinon, les philosophes deviennent les pires religieux qui soient. Ils ne savent plus rire d’eux-mêmes.

Saturday, April 24, 2010

Tort-tue


Retour à la religion — de Derrida, tel était peut-être ce à quoi m’appelait la tortue de ce matin, qui m’a aussitôt rappelé le nom du restaurant où ledit Derrida nous avait emmenés déjeuner (nous : MFM et son invitée, JD et la sienne), « Le Tortue », au masculin, soutenait-il, ce qui m’avait aussitôt rappelé le (mauvais) jeu de mots que fait le (mauvais) steward dans L’Oreille cassée : LE TORT TUE… (« C’est un jeu de mots. Tort… tue, tortue ! Vous avez compris ? » insiste-t-il avant de tomber nez à nez sur le capitaine qui n’a pas l’air content du tout.) Auparavant, il en avait lâché une bien bonne sur le nom propre du voleur du fétiche : « D’ailleurs… ceci entre nous, n’est-ce pas, ce n’est pas un homme. Non. Ni une femme. C’est… une omelette. » ?? font les deux comparses qui n’ont rien capté. Le steward (qui n’a pas de nom) enfonce donc bien le clou : « Ah ! ah ! ah ! Elle est bien bonne ! Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’il se nomme Tortilla, et qu’en espagnol ce mot signifie… » mais il a compté sans le fait que ses interlocuteurs parlent espagnol « nativement » : « Omelette, c’est vrai ! Ah ! vieux farceur ! » et son compagnon de renchérir : « Toujours lé mot pour rire ! »
Cette tortue n’était-elle pas un signe des dieux ? (Puisqu’ils ne communiquent qu’en signes, un peu comme les sourds-muets entre eux.) Un signe m’indiquant quel chemin ? Quand je suis revenu une heure plus tard, la tortue avait disparu. Il paraît qu’elles peuvent filer à toute allure, plus vite qu’Achille disait déjà Zénon. Mais où pouvait-elle bien être passée ? De tous côtés excepté vers la rue, il n’y a que des palissades ou un grillage. Peut-être suis-je aussi à ma façon une tortue ? Immobile et apparemment inamovible jusqu’à ce qu’on réalise qu’elle s’est évanouie sans crier gare ? Elle n’avait pas touché à mes deux feuilles de laitue (pourtant organique). Elle avait les yeux jaune-orange, un regard mauvais et aussi inquiétant que celui de l’igname qui venait me visiter chaque matin sur les rochers devant la terrasse du bungalow que nous avions loué sur l’île des Femmes au large de Cancun. Là encore, j’aurais dû comprendre qu’il m’avertissait, ce serait le dernier voyage heureux avec mes trésors encore enfants. Et moi le père indigne (mais n’est-ce pas un pléonasme ?) qui m’obstinait bêtement à re-copier puis re-déchirer une lettre d’amour imaginaire, je revois encore maintenant les morceaux coincés dans une anfractuosité (beau mot) des rocs où l’iguane venait prendre son bain de soleil matinal. N’est-ce pas aussi un peu la faute à D. si je me suis égaré dans cette Double Vie qui fut plus qu’un tort-tue, un DEAD END mot-nu-mental ? Qui a entraîné toutes les autres : même ma dénonciation du « tournant » religieux dans « la » déconstruction restait timide et comme « respectueuse » (adjectif appelant irrésistiblement le substantif « putain »). Je m’en prenais bien à l’inepte « création verbale » (invention de nouvelle cuisine) de la « mondialatinisation » (qui prouvait au moins que Derrida n’a jamais rien compris à l’Amérique, ne serait-ce que pour avoir ignoré qu’il y en a plus d’une), mais je continuais à défendre une religion spectrale, une « religion sans religion » copiée sur la « structure » logique x sans x grâce à quoi Blanchot s’est fait encore plus blanc qu’un spectre… (Peut-être en rapport avec le spectre du communisme qui tous continue de les hanter en Europe ? Au fond, ils en sont restés deux siècles en arrière ?)
Donc il faut faire sans rien, ni dieu ni maître, ni cure ni curé. Commencer par foutre tous les divans à la rue, et les distribuer aux « indésirables » qui n’ont jamais pu se payer le luxe d’avoir des complexes. Il faut faire rien qu’avec les moyens du bord, comme s’il n’y avait jamais rien eu d’autre. Plus la désolation s’étend, plus il faut tenir lieu de sol, se forger une solidité à toute épreuve. Car il y va bien d’une ultime expérience, qui met en jeu jusqu’à la possibilité a priori de l’expérience : [à suivre…]

Tuesday, April 20, 2010

cravate (conditions de l'expérience philosophique, préambule)




Il faudrait explorer la surenchère de communion à laquelle l’aigle Hegel se livre en accusant les manuels de Kant d'avoir répété le formalisme juif et d'avoir gardé le fétiche qu'il appelle la chose même au kha où. Mais tous deux partagent au fond l'horreur pour le fétiche et le même horizon télé-ô-logique de la vraie et unique religion visant la disparition du fétiche

ce mot que

et puis nous avons droit à une coupure dans le texte et les colonnes s’encastrent dans le phallus de Hegel et j'ai été au Nil dit-elle pêcher ce mot que se moque de son origine portugaise feitiço fétiche chaud mais aussi tout chose, glacier de mort, cependant c'est le sens strictement religieux que ces colonnes vont mettre à bas. Le fétiche est selon la raison dans l'histoire Africain. L'Africain se définissant comme sens de l'histoire absent donc de toute raison ce qui semble qualifier là aussi assez bien le fétiche je continue à citer si l'on extrait le schéma logique de l'analyse, un inconscient qui ne se laisse pas analyser en tant que tel, n'a pas d’histoire, se tient avec entêtement au seuil du procès historique ou dialectique. Le seul moyen de le faire entrer dans le processus est de lui incorporer la négativité un peu comme le feu ou plutôt le pieu au cul ; sous-entendu l'Africain n'est pas simplement en dehors de l'histoire, sinon l'histoire ne serait pas tout et c’est là quelque chose que la raison ne peut pas accepter. Donc on procède à sa négation et le transforme en sauvage, barbare, primitif, etc. selon un processus qui a malheureusement son origine en Grèce. Mais revenons à Hegel parlant de nous, non-barbares, dit-il : Nous ne pouvons vraiment nous identifier, par le sentiment, à sa nature, de la même façon que nous ne pouvons nous identifier à celle d'un chien, ou à celle d'un Grec qui s'agenouillait devant Zeus. Ne pas se hâter de conclure que nous les Africains-Grecs sommes tous des chiens. Hegel est un penseur et l'impossible ne l'effraie pas, même si ou surtout si ce qu'il y a à penser est ce qui résiste le plus à la pensée : la matière impénétrable ou en tout cas un mode d'être pas tout à fait humain entre le Chien et le Grec parce que le Grec au fond n’est qu'un grand chien Noir qui sait parler sur les places publiques — mais imaginons, imaginons un instant qu’en une autre existence nous soyons un chien ou un Grec continuant de s’agenouiller devant une idole comme s’il n’avait jamais tout à fait coupé avec sa part maudite d’animal. Si le Grec est encore un barbare pour nous, qu’en sera-t-il de l’Africain ? Il faut essayer de comprendre l'incompréhensible, ce qu'ils appellent leur religion. Or elle est construite sur l'opposition de l'homme et de la nature, celle-ci se laissant dominer par celui-là. Étrange interprétation : on vient de nous dire que le nègre se confond avec la nature, et on va dans un instant nous apprendre que la nature le domine au point que la puissance menaçante des éléments naturels le contraint à la magie (c'est souligné), c'est-à-dire à un pouvoir totalement imaginaire, le pouvoir d'une image sur la nature n’étant qu’une domination imaginaire — mais pourquoi la force de l'imagination serait-elle imaginaire ? Dès lors que c'est une force, elle ne peut être immédiatement déniée dans son existence sous prétexte qu'elle machine une fièvre maligne. Le débat tourne autour de l'effectivité, c'est-à-dire de ce que nous nommons réalité mais qui pour H. & Gel parle le langage de l'opération, du travail et du négatif. L'Africain croit pouvoir se passer de travailler. Il prend ses désirs pour des réalités comme si le monde était pour lui le théâtre d'un rêve. Elle est imaginaire cette force car le pouvoir vers lequel se tournent ces hommes n'est pas un pouvoir supérieur, puisqu'ils croient produire eux-mêmes ses effets. Et de donner les conditions de possibilité formelles de cette matière propre à ruiner toute cité rationnelle (n’oublions pas l’Etat de grâce philosophique). Etrange & inquiétant de voir cet esprit si puissant décrire les conditions de l’expérience philosophique en des termes aussi crus :

conditions de l'expérience philosophique




Il faut d'abord se mettre dans un état d'enthousiasme extraordinaire. Il faut se mettre dans le Dieu, à sa place exacte. Mais ils ne le font pas purement car ils ont recours à des moyens en eux-mêmes dépourvus de sens. Ils trichent : ils se mettent eux-mêmes dans un état de transe extrême et en prononcent alors leurs dix commandements sous influence, émanations qui viennent directement des racines mangées avec des chiens en chaleur furieuse, en mangeant des acides de pissenlits & les racines de pisse en étymologie mangent ses ancêtres, car c'est effectivement ce que fait le mort : il se nourrit des autres morts et donc de ses pairs, et les possédés profèrent alors leur formule au son des glas […] Mais quand ses ordres restent longtemps infructueux, il désigne parmi les assistants, qui peuvent être leurs parents les plus chers, ceux qui doivent être massacrés, & les autres les dévorent. Souvent le philosophe passe plusieurs jours en proie à un état dans lequel il est vrai à la folie, tue les hommes, boit leur sang & le fait boire aux étudiants. Le culte des morts lui-même, par ailleurs considéré comme le stade inaugural de l'éthique, est corrompu par le fais t’y-chier : ils se tournaient vers les morts comme vers des dieux, avec des incantations ; mais si cela ne marchait pas, ils punissaient le défunt lui-même, en jetant ses ossements à ronger à ses enfants dégénérés.

Sources occultes: Jacques Derrida, citant Hegel dans "glas (Que reste-t-il du savoir absolu?". 

Sunday, April 4, 2010

Résur-érection








Le message date un peu, comme on peut voir à la neige qui avait paralysé tout Nolensville, mais quand même moins que les deux mille dix ans que nous datons d'après un nommé Jésus, dont l'existence historique n'est attestée que par des témoignages très douteux et postérieurs d'au moins deux siècles à sa cruci-fiction. Qu'on cesse donc une fois pour toutes de nous bassiner les oreilles avec Pâques et ses cloches ou ses lapins quand Sa Sainteté Bénédictature compte emporter sa pédophilosophique & antisémite dépouille au paradis des cons non-invertis. Infaillibilité de la fraude pontificale, qui se permet de prendre la position de victime (de la calomnie, bien sûr) alors que, depuis Pierre, Rome n'a vécu que de reniements, bassesses, parjures.