Tuesday, April 26, 2016
Saturday, April 16, 2016
Le pseudo-homme révolté (des Nuit Debout, par exemple)
« L’homme est sur le point de se
jeter sur la terre tout entière et sur son atmosphère, d’usurper et de
s’attacher, sous forme de « forces », le règne secret de la nature,
et de soumettre le cours de l’histoire à la planification et à l’ordonnance
d’un gouvernement planétaire. Ce même « homme révolté » est hors
d’état de dire en toute simplicité ce qui est,
de dire ce que cela est, qu’une chose
soit. » [1]
Heidegger ne consacre qu’un paragraphe
pour le maître-mot d’Anaximandre : to apeiron, « l’infini ». Il l’identifie
sans plus à το χρεὠν lui-même traduit par « der
Brauch », l’usage (je ne vois pas trop l’avancée, mais bien
l’humanisation, ou l’humainisation, dirait Derrida). Or χρεὠν renvoie à l’ordre du
Temps, donc plutôt ce qui est « de saison », ce qui détermine
l’à-temps et l’intempestif, étant entendu que c’est d’abord l’adikia qui règne,
l’injustice ou la dis-jointure : time
is out of joint : c’est ainsi que le Temps s’éprouve, à partir de la
dislocation, de l’arrivée soudaine comme du départ non moins soudain. La
continuité s’avère toujours une construction après coup, une reconstruction
pour les besoins de « l’ordre ». Toute durée (insistance,
persistance) est injuste pour autant qu’elle se durcit dans un substrat lui-même
nécessairement promis à la désagrégation ou à la transformation. Toute époque est donc l’injustice d’un ordre
établi contre la liberté du Temps.
« La mort n’est pas purement un événement naturel », nous
explique l'éditeur moderne "scientifique" (ou universitaire), ce qui veut dire qu’elle ne l’est pas du tout ? Elle ne
toucherait que l’étant et pas l’Etre ? Pourquoi donc ? Peut-il y
avoir l’Etre sans l’étant ? Et
comment parler alors d’être
mort ? Plutôt que des lieux communs débités sans y penser, genre :
« Dans le miroir de la mort [quel miroir là où règne l'Hadès, le sans-vue)?], il (le vivant) découvre aussi la valeur de la
vie, et que rien ne vaut la vie que la vie même, puisque la vie ne peut se
payer de rien d’autre que de la vie. » C’est se payer de mots, et se payer
notre tête aussi — depuis quand la vie se paie-t-elle ? Avec quel
genre de monnaie ? En dollars ou en drachmes ? Le langage de la
valeur abolit cela même qu’on cherche à mettre en valeur : « la vie
même », de quoi donc s’agit-il ? Tout cela pour éviter de reconnaître
la mort comme seule loi du partage. Anaximandre reprend la leçon homérique, qui
pose Moira au-dessus de tout être, des mortels comme des immortels. Héraclite, lui, « généralise » en
fluidifiant l’échange mortel-immortel : ils sont bien « un et le
même », mais toujours sur la base de la mort, car athanatos est le privatif de thanatos,
comme « alèthéia », la vérité, est le privatif de
« lèthè », l’oubli.
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