5 juin 2006
"Qu’aujourd’hui les hommes vivent plus
longtemps n’est pas une preuve de leur meilleure santé; on pourrait même tirer
la conclusion inverse." C’est ce qu’écrivait Heidegger en 1940, dans
un séminaire sur la physis d’Aristote.
Lui-même est mort assez vieux, de sa belle mort, pour ainsi dire. Même s’il avait
dû prendre une retraite anticipée en raison d’événements indépendants de sa
volonté. Il paraît qu’un des plus graves problèmes économiques des sociétés
développées consiste en l’allongement constant de la durée de vie. Et encore,
la France se trouve privilégiée, puisqu’elle bénéficie d’une natalité
étonnamment élevée, totalement incompréhensible, même en tenant compte du
nombre élevé d’immigrés. Mais quand on pense aux quinze mille vieux qui ont
crevé pendant la sècheresse de 2003, ce n’est certainement pas pour mieux
soutenir leurs aînés qu’ils font des mioches. D’ailleurs, une fois qu’ils les
ont pondus, ils s’en moquent pas mal, à en juger l’état de leur
éducation ! Mais pourquoi n’inverserait-on pas les priorités? Pourquoi ne verserait-on
pas des retraites anticipées aux
jeunes de moins de trente ans, pour qu’ils aillent voyager, faire des études sérieuses, voir le monde, apprendre des
langues lointaines, des métiers étranges, bref, tout simplement se
cultiver ? Comme ça, en arrivant à trente ans, ils seraient moins enclins
à vouloir se faire une planque en attendant leur retraite, puisqu’ils
l’auraient déjà touchée.