« Dans la soi-disant éternité ne se cache qu’un périssable gardé en
conserve, mis au rancart dans le vide d’un maintenant sans durée. »
Martin Heidegger,
« Pourquoi des poètes ? », in Chemins
qui ne mènent nulle part.
Heidegger avait-il raison en
donnant « la mort » pour l'avenir, soit la première des trois extases
? Ou bien y a-t-il un tout autre sens à l'avenir que ce mot de m… ? La temporalité de l’existence n’est pas naturelle puisque
la mort ne l'est pas, sur ce point Heidegger
diffère radicalement des Grecs. Parce que les Grecs prenaient la mesure du
temps selon l’Etre comme constante présence. Cela ne fait pas de la mortalité un
accident davantage, l'accident supposant une substance. Il y a pourtant une
forme de maturation. La possibilité, écrit-il, de l'impossibilité grossit comme
si on était « enceint » mais pas d’un saint, la conception du Dasein
n’étant justement pas immaculée ; car les mortels touchent de plus près à
l’Abîme : l'ab-solu ou l’absence de sol comme seul sol. En cela les mortels
s’aventurent plus loin que les Immortels qui ne peuvent jamais cesser de l’être,
et ont donc encore besoin de l’être.
Schelling avait raison : la liberté humaine repose sur cet abîme. Toucher à ce
sol intouchable : le Là-même, si intimement qu’il n'y a personne qui puisse
rien nous apprendre à son « sujet » ; en tout cas, il ne s'agit
jamais, à aucun moment, d’une autre vie après.
L'expérience fait l’impossible différence avec ou sans a (avec ce sera encore s[ ]ns), ou de l'impossibilité de la fixer ;
non pas l’impermanence car le flux abrite l'éternité, celle du feu toujours (aei)
vivant, « toujours » ne signifiant pas d'abord « sans
cesse » (car on présuppose alors la continuité) ; donc continuité
& discontinuité conjuguées en un partage à mesure, et cette mesure, c'est le Temps qui la configure, à chaque
fois différemment. Flux sans hiérarchie, interpénétration sans obstruction : un-tout comme tout-un.
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