Saturday, March 6, 2010

la parole humaine est comme un chaudron fêlé

Je dois dire adieu à Flaubert puisque vient la césure de printemps (spring break), et que de toute façon la littérature n'est même plus de nos jours éteints ce qu'elle était pour l'ermite de Croisset, à savoir "un terrible godemiché qui m'encule et ne me fait même pas jouir". Soit dit une fois pour toutes, je ne donnerai pas mes sources, je n'ai pas à les produire, n'ayant absolument rien à vendre ou même prouver. Qu'on aille plutôt relire le chapitre V de Bouvard et Pécuchet, ou même Madame Bovary: « Il s’était tant de fois entendu dire ces choses, qu’elles n’avaient pour lui rien d’original. Emma ressemblait à toutes les maîtresses ; et le charme de la nouveauté, peu à peu tombant comme un vêtement, laissait voir à nu l’éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage. » Et pourtant, même dans le vide des métaphores les plus vides, passe un air de folie "à faire danser les ours": « …comme si la plénitude de l’âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l’exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. » (E.B., p.259).

No comments:

Post a Comment