"Qu'est-ce que Dieu?", demande un poème (ou un morceau de poème) attribué à Friedrich Hölderlin, le fou de la Tour.
Nietzsche écrit que c'est de théologie que Dieu est mort; de théologie, c'est-à-dire d'une ontologie de la substance. Cette ontologie porte la responsabilité d'un double meurtre: de Dieu, oui (mais n'était-il pas déjà mort depuis qu'on s'est acharné à croire en son "[in]existence"?), mais d'abord de la chose (la chose même, autrement dit). Ce qui veut dire inversement: pour retrouver un rapport vivant à quelque chose de tel qu'un dieu, il faut d'abord trouver avec la chose ce rapport vivant que l'ontologie a détruit. Il faut sauver les phénomènes, pour sauver le non-phénomène; sauver l'image pour garder l'inimaginable (magique?) en vue.
Mais avons-nous encore des images? La question paraîtra incongrue: ne parle-t-on pas partout d'une civilisation de l'image, pour s'en plaindre ou s'en féliciter? Mais l'image médiatique est-elle encore une image? Nous doue-t-elle du lointain? Ne supprime-t-elle pas au contraire toute distance? Et ce qu'on nomme "démocratie", ce "paysage immonde" selon un poème de Rimbaud, n'a-t-il pas pris le relais de la religion pour nous priver, une nouvelle fois, des choses "si simples, si saintes" (Hölderlin, En bleu adorable...)
Je n'en veux pour témoin que la dernière "image" venue: Coca-Cola, c'est ça. Quoi, ça? Was ist Gott?
Source: Pour le texte, MFM, "Qu'est-ce que Dieu?" (NRP 30, 1984), repris dans La Chose Même (Galilée, 1992); pour l'image, San Juan de Yanayacu, Loreto, vendredi 13 mai 2011.
Source: Pour le texte, MFM, "Qu'est-ce que Dieu?" (NRP 30, 1984), repris dans La Chose Même (Galilée, 1992); pour l'image, San Juan de Yanayacu, Loreto, vendredi 13 mai 2011.
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