« Aveugle pour les fautes, le destin
peut être implacable pour les moindres distractions. »
Borgès, Fictions,
« Le Sud », p.178.
11 septembre
– que j’ai passé à regarder des films « racontant » des images, les
mêmes que tout le monde a vues le jour même, les mêmes que j’avais montrées,
tout son coupé, à mes étudiant(e)s pour le séminaire au titre bien
approprié : « Politiques de la déconstruction »; et aussi
d’autres, jusqu’à l’incident arrivé à Hillary, victime d’une « walking pneumonia », qu’on nous a
présentée comme bénigne, jusqu’à ce que le parti démocrate songe à la remplacer
– sans doute pour Bernie Sanders ? Cela changerait toute la donne, et l’on
pourrait même y voir un retour de manivelle, après la gaffe qu’elle a faite en
traitant la moitié des électeurs de Trump de « deplorable » (un mot rare en anglais, signifiant
« débiles »). Mais comment peut-elle faire ça : pourquoi (24) seulement
la moitié ? Cette femme n’a-t-elle vraiment aucun sens politique ? En
s’excusant, elle diminue bien le nombre de crétins, mais elle devrait d’abord
essayer de ne pas les renforcer dans leurs convictions ni les essentialiser
dans des catégories politiquement correctes qui représentent ce dont ne veulent
à aucun prix la totalité des (potentiels) électeurs de Trump.
Ecrire son nom sur mon carnet
« intime » me fait l’effet d’une grosse bavure. D’ailleurs, c’est
ainsi que je devrais l’appeler, plutôt que l’Eléphant à cause de sa tronche qui
trompe énormément. Voilà le niveau que « même moi » j’atteins alors
que personne ne m’a jamais rien demandé. J’aurais mieux fait d’aller marcher,
avec ce temps redevenu tempéré après l’orage d’hier[1].
Mais c’était un dimanche…
Ou surtout finir d’écrire les deux
conférences – j’ai décidé de réécrire celle sur Héraclite, puis de l’envoyer à
Michel Deguy pour sa revue Po&sie[2].
En commençant par la fin : l’ethos et l’anecdote du four, histoire de
renvoyer Heidegger à sa scolastique.
25
J’en viens à penser qu’Aristote a pourri
toute la philosophie bien plus encore que Platon qui n’a fait que l’ériger en
haut d’une pyramide en principe indéconstructible. Honnêtement, tous ces
mégalomanes ont fait plus de ravages encore que ben Laden ou même ISIS
démolissant (pour les revendre en douce par pièces détachées) les ruines de
Palmyre (que je n’ai jamais voulu visiter).
Quand je suis revenu à New York pour
donner ma dernière conférence sur la Traduction[3],
soit neuf ans plus tard, il ne restait déjà plus aucune trace de Ground Zero,
et tout semblait se remettre paisiblement de la Crise de 2008. Qu’on ne se
raconte pas d’histoires, Wall Street est plus forte que jamais. Tant mieux pour
ma retraite qui dépend entièrement d’actions. Mais le scénario de 2008 peut se
reproduire à tout moment, auquel cas je peux dire adieu à toutes mes économies
(je n’en ai jamais faites). Je partirai de ce pays aussi fauché que j’y suis
arrivé et par là, au moins, j’aurais fait mentir toutes ces mauvaises langues :
non, je n’y suis pas allé pour m’enrichir mais bien parce que je me sentais
étouffé dans mon « propre » pays – et en plus exploité par une élite incompétente,
arrogante et au mieux paternaliste.
[1] Note de la
transcription : je suis tout autant horrifié par les soi-disant marcheurs
de Macron. Alors que rien ne marche en France, pas même le marché.
[3] Texte (écrit directement en anglais) que j’ai
entièrement détruit suite à mes déboires avec celle que j’appelais
l’Helléniste. J’avais accepté de participer à ce colloque uniquement à cause de
la date : 30 octobre 2010.
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