Thursday, November 28, 2013
Wednesday, October 9, 2013
Sunday, September 29, 2013
Wednesday, September 25, 2013
Toujours nos vieux démons
Déconstruction : Une
opération sans douleur, mais aussi sans grande valeur. La
« déconstruction » n’a jamais pris corps nulle part ; ou alors,
comme des parasites se greffent sur un hôte, qui devait à la vérité d'être déjà tout pourri : la Métaphysique a eu droit à une mort en douceur, au moins.
Sur un
vieux carnet rempli des notes prises à écouter Derrida parler du secret pendant
des heures et des heures, je suis tombé sur ces mots (les premiers du
séminaire) qui se donnaient comme un commentaire de l’appel (ou cri) de la
« conscience » (cette instance souveraine sans laquelle il n’est pas
de science digne de ce nom) tel qu’il fait irruption au début de la seconde
section d’Etre & Temps : « l’autre me regarde ». L’autre ?
Quel autre ? Et de quel droit peut-il donc me regarder ? Moi – après
tout c’est bien moi et moi seul que cela regarde – je n’aime pas du tout être
regardé, quand je dors, par exemple, ou quand je vais « là où le roi va
tout seul », et même quand je mange. L’autre est une « ruse de la raison », une
invention du même pour se tenir compagnie – nous devrions le reconnaître une
fois pour toutes, il n’y a que le même à pouvoir se transformer en une infinité
d’ « autres ». Ce qui veut aussi dire qu’il n’y a pas d’autre au
singulier, avec ou sans majuscule divine. Comme substantif,
« autre » ne devrait s’employer qu’au pluriel – sinon il occupe la
place de Dieu… ou du Jugement Dernier. La conscience n’appelle à aucun grand
Autre – elle ramène à soi, « comme »
la voix de l’ami [neutre] en soi. L’ami n’est jamais « l’autre »,
autrement tous les autres seraient nos amis. L’ami n’est même pas quelqu’un,
homme ou femme. Plus loin, Derrida développait la « structure du
secret » sous la forme d’un double « qui » et
« quoi » : a) ce que je ne partage pas ; b) ce qui me
partage. Cela, Héraclite l’appelle « démon », et ne saurait se traduire
par « l’autre ». « Autre » viendra toujours après – mais
pas après « moi » qui ne suis à mon tour qu’un autre au regard du
« démon » qui me partage sans que je puisse le partager (à volonté). Il
fait le partage – en « moi » - entre ce qui est propre (non
partageable) et ce qui est commun.
Friday, September 20, 2013
Friday, September 13, 2013
En souvenir de Coco
J'allais parler de mon enfance et de l'absence de souvenirs comme si ce
temps tout entier s'était dérobé, pas effacé mais à me réserver peut-être dans
l'avenir. Une analyse ne me les rendra jamais au juste que sous la forme de
représentations dont je serais fabriqué acteur. C'est ce que je m'étais dit
autrefois, mais évidemment l'analyste compétent, l'autorité en la non-matière de la psyché, m'a tout de suite
renvoyé à mon absence d'études. Je n'y étais pas, on n'entreprend pas une
analyse qui va durer peut-être toute la vie juste pour retrouver des souvenirs
d'enfance, d'autant plus qu’ils n'ont pratiquement rien d'intéressant ni d'intime. Et puis, de mon
côté, je ne sais pas exactement de quel côté ni même si j’en ai un ou sinon s'il
n’habite pas à côté de mes pompes, moi.... Il ne faut pas s'arrêter.. Il faut continuer.
Peut-être la seconde sortie au jour reviendra-t-elle enfoncée dans la fuite des temps, le temps du jour étant la fuite tout à la fois et
pourtant tout séparé mais aussi parallèle en sens inverse, ainsi donc la séance
était le double sens et pourtant rien qui n’ait été répété. Une fois pour
toutes dans les siècles des siècles & lui, mon dieu pendant tout ce temps
qu'as-tu fait ? Blanchot je dictais pas grand-chose et voilà blanc chose qui
ressort à point nommé. Je me demande si je vais continuer à dicter la
ponctuation, je ne crois pas car c'est lassant mais pourquoi suis-je si las
alors que je suis censé ou plutôt insensé être guéri ? J'ai ajouté le ? car je
ne sais pas si c'est une question vu que je ne sais ce que veut dire guéri ;
si c'est l'avenir revenu à la normale, merci bien je préfère la maladie. Le
Dasein, elle avait commencé par rendre ça par hasard et c'est un peu ça quand
je dis qu'il a été jeté comme à la poubelle par tous les temps, tous les êtres
& même par avion. Mais c'est par bateau, un vieux cargo caboteur, que je suis arrivé le vendredi 13 septembre 1963. De là une date
solide, à peu près tout ce que je sais sur mon arrivée en Égypte. Alexandrie
zéro souvenirs sinon ceux de mon frère qui tournaient autour de notre chienne
de vie d'épagneul qu'on venait de me donner juste avant le voyage de la part de ma reine
des périphrases, mais ce n'était pas du tout ma reine même ciel s'appelait Divine
en grec, le prénom lui avait été donné probablement par son papa, un philosophe
ou plutôt un historien de la philosophie douteuse, enfin ce monsieur avait une
bibliothèque consistant surtout en des cartes le re-né notre seule gloire nationale
que la Sorbonne a excommunié avant de l'empierrer en un dogme poussiéreux, donc je n'ai
pas hésité et c’est un héritage que je n'ai jamais fait m'étant toujours
pensédéshérité desdichado etc. mais cela valait mieux probablement à sa mort comme j'avais dit de ce
malheureux professeur de philosophie à la Sorbonne pas un livre ne m'est échu sur la tête et ciel nous avons passé l'aspirateur ce matin or je suis en train de calomnier la poussière
en la comparant à ce philosophe en pantoufles. Voyant que j'ai glissé je reviens à mes moutons, soit au chien qui s'appelait Coucou, non
pas coucou mais Coco comme un communiste, c'était d'ailleurs l'abréviation du
nom aristocratique Coriolan que la marraine Divine lui avait initialement donné,
corps au lion sur un air de Champollion. Ce
chien d'aristo communiste était admirablement éduqué même s'il était complètement fou et
pendant les trois jours que dura la traversée de Venise à Alexandrie il s'était
retenu mais à peine arrivé sur le quai, il s’est dit okay et s’est donc mis à
inonder le premier palmier venu. Arrivé en Égypte je vous dis, il n'est pas
difficile de me mettre à la place de mon chien : pendant deux ans pouvoir
pisser sur le premier palmier venu en pleine rue ! Deux ans de bonheur
intense absolu et peut-être est-ce la raison pour laquelle je n'avais aucune
raison de garder des souvenirs. Depuis toujours la mémoire est la mémoire du
mal, de ce qui fait mal à soi comme à un autre.
Source: Livre des Morts, extraits du chapitre 41 "Textuellement"m 22 novembre 2005.
Tuesday, September 3, 2013
Pour saluer le retour de Louna
Et l’homme au cœur fidèle aime à plonger les yeux dans la nuit pure.
Qu’on lui dédie, ainsi qu’il sied, des chants et des couronnes !
Car elle est le trésor sacré des insensés et des morts ;
Et perdure, elle-même éternel esprit pur de toute contrainte.
Mais qu’elle aussi (car il le faut, afin qu’en notre séjour
Dans cette ombre, quelque chose nous soit gardé qui nous conforte),
Qu’elle aussi nous donne l’oubli, qu’elle aussi nous donne l’ivresse
Sacrée et le jaillissement de la parole ! et qu’ainsi, comme des
amants,
Yeux jamais clos, coupes à ras bord, audace à vivre et sainte
Gouvernance, nous traversions la nuit au comble
de l’éveil. Friedrich Hölderlin, "Pain & Vin"
Tuesday, August 27, 2013
Wednesday, August 21, 2013
Blue Moon
(Je ne sais pourquoi ça se finit en point d'interrogation - ou en queue de poisson, attention aux arêtes...)
Saturday, August 10, 2013
Thursday, June 13, 2013
Friday, June 7, 2013
Tuesday, April 23, 2013
l'expérience de penser
Quiconque a fait l'expérience de
penser sait les dangers qu'il y a à s'identifier à ce qui « se »
pense ; et doit maintenir ce qu’on appelle sans trop y penser une distance
critique, répondant à une condition plus-que-critique où se trouve non pas « la »
pensée (ce n'est pas un sujet valable, ou c'est un sujet trop valable pour
pouvoir soutenir l'absence de sujet
où ça se trouve pensé), mais ce avec quoi penser a affaire et que je persiste (et
signe) à appeler « la chose même ». C'est elle qui appelle à penser, et, par là, il faut bien comprendre
qu'elle ne pense pas « elle-même », mais souffre d'être impensée. Il faut non pas la forcer à faire ce qu'il
lui est antipathique « naturellement », mais la mettre à cette « bonne »
distance critique qui permettra et de
la respecter et de la tenir en
respect, s’aviserait-elle de nous faire la peau. En pensée, on ne touche rien
ni personne, et pourtant on peut tuer mieux qu'avec une arme. Penser est une arme
bien plus redoutable qu’on ne pense (c’est-à-dire qu’on ne pense pas).
Supprimez la pensée de quelqu’un, et ce quelqu’un n’existe plus – à vos yeux, du
moins, mais cela suffit car on ne tue personne pour les beaux yeux d’un(e)
autre. Penser est l’arme absolue. Parce qu'insaisissable, donc imparable à
moins, précisément, d’être paré à tout. Il ne s'agit pas, encore une fois, de
cette croyance réputée infantile en la toute-puissance de la pensée. Car pensée
et puissance font deux, au grand dam de Nietzsche ; par voie de conséquence, nulle
impuissance : la catégorie même relève du penser, seul à valider un pouvoir qui
peut toujours tourner en impuissance et réciproquement. Penser n'est ni fort,
ni faible, ni même mesuré, agissant avant
toute dépense de forces. Il est faux sur toute la ligne de prétendre que penser
(trop penser, comme si c’était et possible
et évitable), épuise ou même débilite,
rende malade ou « fou ». On ne voit pas que, chez la majorité
écrasante des animaux raisonnables, penser ne se voit qu’à ce que l'on n’entend ou ne comprend pas, à ce que l’on ne
pense pas encore, précise Heidegger, avec
un optimisme que je suis loin de partager. Dans tous les cas, c'est bien de là
que penser prend son départ : de
ce que ça ne se présente que comme sa propre absence. Comment penser l’absence
de pensée devient alors la question la plus mordante. Pourtant, il doit bien y
avoir un moyen pour briser ce tour de l'absence plus présente que tout ? Pas
pour forcer penser à se présenter, en bonne et due forme (déclinant son
identité, son nom), mais pour lui intimer le même, quoique inverse, « besoin ».
Ce n’est pas le bon mot, car nul n'a besoin
de penser comme on doit satisfaire ses besoins naturels (manger, boire, pisser,
baiser, etc.) Penser ne « presse » que quand il n'y a pas moyen de faire autrement. Et c'est
là que ça peut devenir dangereux, voire violent. C’est là aussi qu’il faut garder
un calme absolu, un sang-froid vertigineux. Car penser n'est pas un moyen comme
un autre de parvenir à ses fins, c'est plutôt penser qui dispose des fins de
toute action.
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