C’est tout le système qui est pourri. Mais une fois qu’on a dit ça, on n’est pas
mieux loti; plutôt un peu plus mal, car si on est seul contre tous, on ne peut
pas être seul contre un système. C’est là où il triomphe au contraire :
personne ne peut rien contre lui sans être avec lui, compris en lui, même s’il
reste incompris de tous. Ce qui a priori minimise singulièrement la portée des
protestations. Même la déconstruction ne peut pas échapper à cette
récupération : à preuve, le féminisme – qui fait croire que les minorités
sont enfin respectées en devenant des instruments de pouvoir.
En y repensant, le Yes We Can de la campagne d’Obama a été la plus grosse escroquerie
du XXIe siècle ; ce soir, je ne manquerai pas de regarder son discours de
l'Etat de l'Union, juste pour voir si sa rhétorique est restée la même. Quand
j’ai pris la nationalité américaine, c’était jouer la carte
d’un avenir qui ne pouvait être que meilleur car Katrina avait réveillé le pays,
qui commençait à ouvrir les yeux sur les mensonges qu’on lui avait fait avaler,
à commencer par la guerre en Irak ; c’est à ce moment que j’ai pris en
considération sérieusement le fragment de Héraclite sur la guerre père de tout. Les
élections (de 2006) amèneront les Démocrates au Sénat mais ça ne changera rien
avant la montée surprise d’Obama aux primaires de janvier 2008. Six ans plus
tard, ce pays en est revenu à un degré de nuisance extrême ; ils ont tout
pollué, et je ne parle évidemment pas en premier des universités – plus elles
sont propres et riches, plus elles sont abjectes. (2014)
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