Wednesday, November 29, 2017

Adresser sa prière à un mur

Enfant, il fallait faire sa prière avant de se coucher. Je n’ai jamais su pourquoi. Allais-je être emporté dans la nuit ? Mais j’avais déjà observé l’inefficacité complète des prières pendant la journée. J’avais beau répéter : « Je t’en prie ! », ça ne changeait rien au refus opposé par l’autre partie. Je n’allais tout de même pas me traîner par terre ! Au reste, même à l’église, on ne s’agenouillait que sur de confortables « prie-Dieu » et je note que le pluriel de ce mot reste invariable, excluant donc toute possibilités de prier plusieurs dieux ; or un seul dieu, je trouvais ça bien ennuyeux; au surplus dangereux. Il faut faire jouer la concurrence, non ? C’est longtemps après que j’ai compris que l’impulsion qui nous pousse à prier vient au moment où l’on n’a plus personne à qui s’adresser. C’est comme un acte désespéré et avouant son désespoir, peut-être y trouvant une suprême consolation.

   
DK B5, M86. Fragmente Griechischer Theosophien, 68.


καθαίρονται δ’ ἂλλως αἳματι μιαινόμενοι, ὁκοῖον εἲ τις εἰς πηλὸν ἐμβας πηλῶι ἀπονίζοιτο μαίνεσθαι δ’ ἂν δοκέοι εἲ τις μιν ἀνθρώπων ἐπιφράσαιτο οὓτω ποιέοντα. καὶ τοῖς ἀγάλμασι δὲ τουτέοισιν εὒχονται, ὁκοῖον εἲ τις <τοῖς> δόμοισι λεσχηνεύοιτο, οὒ τι <γινώσκων θεοὺς οὐδ’ ἣρωας οἳτινες εἰσι>

« Ils se purifient en vain en se souillant de sang, comme  si quelqu’un ayant marché dans la boue avec de la boue se nettoyait ; il paraîtrait délirer si un homme le remarquait agir ainsi ; ils adressent des prières à de telles figurines, comme si quelqu’un adressait la parole à des maisons, sans [savoir qui sont les dieux et les héros]»

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