Sunday, November 11, 2012

exister sans objet



Exister est sans objet ? Tant mieux : même s’il y en avait eu un, il n’aurait pas fait long feu. Pas davantage n’y a-t-il de nouveau « sujet » (l’homme « régénéré » ou « libéré » ou « responsable »); exister ne se produit pas, ni en série ni en masse ; « deviens celui-là, que tu es ! » signifie que l’être ne suffit pas, il faut encore le devenir ; devenir l’être car seul l’être peut devenir. Suis-je en train de remplir « mon » temps ? Mais si je n’écrivais rien, il ne serait ni plus ni moins rempli. Il n’y a aucune vertu à l’écriture. Derrida nous a bernés. Sa différance avec un a est une abstraction qui n’ajoute rien que la confusion à la notion de « différence » : si simple soit-elle, elle est toujours, en tant que différence, difficile à penser comme telle. Je soupçonne Derrida d’avoir voulu surclasser Heidegger et sa différence ontologique. L’emploi du verbe « différer » au sens d’ajourner n’existe qu’en français, alors que la différance se veut une structure d’archi-généralité puisqu’elle commande jusqu’à l’être et le temps ! Enfin, c’est l’excuse idéale pour ne rien faire. De fait, y a-t-il eu jamais qui que ce soit à qui la différance ait jamais rien fait ? Qui ait eu sa façon de penser (et donc son existence) transformée (rendue différente) par une graphie même non orthodoxe et « inventive » ?
Livre de bouillon, § 44.

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