Exister est sans objet ? Tant mieux : même
s’il y en avait eu un, il n’aurait pas fait long feu. Pas davantage n’y a-t-il de
nouveau « sujet » (l’homme « régénéré » ou
« libéré » ou « responsable »); exister ne se produit
pas, ni en série ni en masse ; « deviens celui-là, que tu
es ! » signifie que l’être ne suffit pas, il faut encore le
devenir ; devenir l’être car seul l’être peut devenir. Suis-je en train de remplir « mon »
temps ? Mais si je n’écrivais rien, il ne serait ni plus ni moins rempli. Il
n’y a aucune vertu à l’écriture. Derrida nous a bernés. Sa différance avec un a
est une abstraction qui n’ajoute rien que la confusion à la notion de
« différence » : si simple soit-elle, elle est toujours, en tant
que différence, difficile à penser comme
telle. Je soupçonne Derrida d’avoir voulu surclasser Heidegger et sa différence ontologique. L’emploi du verbe
« différer » au sens d’ajourner n’existe qu’en français, alors que la
différance se veut une structure d’archi-généralité puisqu’elle commande
jusqu’à l’être et le temps ! Enfin, c’est l’excuse idéale pour ne rien
faire. De fait, y a-t-il eu jamais qui que ce soit à qui la différance ait
jamais rien fait ? Qui ait eu sa façon de penser (et donc son existence)
transformée (rendue différente) par une graphie même non orthodoxe et « inventive »
?
Livre de bouillon, § 44.
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