Héraclite dit donc que le plus bel ordre
(au sens de la disposition des choses dans un ensemble où chaque chose a sa
place attribuée en fonction d’une certaine logique) est fait de choses
« versées », voire déversées au hasard, n’importe comment. Ce qui
veut dire ?
1. que l’ordre
n’importe pas ;
2. que la
beauté se passe d’ordre ;
3. que l’ordre
n’a pas besoin d’être beau ;
4. que la
beauté n’importe pas non plus ?
Ni ordre ni beauté, ce serait cela, le
cosmos ? La plus belle cosmétique, le plus bel arrangement, la plus belle
parure, décoration : on verse des paillettes, répand des fards, maquille –
alors qu’il faut juste laisser tout tel. C’est encore comme ça que c’est le
plus beau : vrai. Ne rien
arranger, jamais. Pas d’arrangements,
pas de compromis, parce que rien ne s’arrange jamais, « avec »
l’existence ; tout arrangement produit des dérangements qui le mettent
vite en déroute. Les deux dangers qui menacent le monde selon Valéry – ordre
& désordre – ne sont en réalité pas deux (l’ensemble ne fait jamais qu’un)
et ne sont donc pas des dangers « réels » (comme s’il pouvait y avoir
un monde en ordre et un autre en désordre, comme si ce n’était pas toujours le
même monde, en ordre comme en désordre). La disposition est toujours aléatoire
ou précaire, tout le temps qu’elle tient ; c’est donc sa durée seule qui fait
sa force. Or les structures les plus durables sont immatérielles. Seulement, ce
langage des structures n’est valable que pour les institutions, jamais pour l’existant
qui n’est donc pas « structuré ». C’est ce qui condamne à l’avance
son analytique à n’être qu’une destruction préalable de toutes les structures
mises en place par l’ontologie de la substance (dérivée indument d’Aristote qui
avait en vue plutôt une éthique existentiale).
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