Sunday, November 18, 2012

Schelling : « L’entendement est de la folie réglée. »



Les philosophes sont-ils donc les seuls détenteurs du secret de la vérité : qu’elle vienne de la liberté (de l’Etre) ? Ils voient comment toute chose est disposée, ce qu’il faut qu’elle soit pour qu’elle fasse partie d’un tout. Mais ils ne détiennent rien : la vérité ne peut être détenue, comme un détenu en prison, même en le mot (forcément trompeur) de « vérité », et même si l’on corrige l’erreur de la traduction en latin du mot grec aletheia grâce à une étymologie inconnue des gens qui parlaient la langue communément appelée « grecque ». Platon préférait inventer une « erreur divine » à l’origine de la vérité, où il faut comprendre peut-être que c’est la vérité « elle-même » qui est une invention « invraisemblable ». Dans tous les cas, le secret reste bien gardé dans le mot même qui en devient inoubliable, alors qu’en toute rigueur il n’y a rien – absolument rien – qui ne soit voué à l’oubli à plus ou moins brève échéance. Une génération suffit en général à tout reléguer dans les oubliettes de « l’histoire ». Mais c’est justement parce qu’il n’y a apriori  rien qui puisse s’oublier que le vrai ne peut pas, lui et lui seul, échapper à qui l’a reconnu au moins une fois. « Par exemple » la mort. C’est peut-être même le seul exemple absolument vrai et en même temps totalement indémontrable puisqu’elle échappe à tout apparaître. Le mort peut bien avoir telle ou telle apparence, la (sa) mort n’en aura jamais offert une seule. Elle ne donne à voir que la soustraction de tout, y compris de la vue. C’est cela qui casse toute continuité, forcément illusoire, pleine de trous, des discours ; la mort reste toujours aussi incroyable, et incroyablement vraie. Il n’y a plus la moindre image ni métaphore, plus rien à voir avec l’imposture ou la littérature. 

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