Pourquoi chercher à piller les épaves, et
pour en tirer quoi : quelque pépite qui nous donnerait l’illusion que
« tout est perdu, fors l’honneur » ? L’honneur d’avoir contribué
à la destruction de cette terre qui nous a supportés tant que notre folie ne s’était
pas mondialisée ? Peut-être ces questions viennent-elles trop tard.
Non seulement les hommes sont trop las ou lâches pour chercher les réponses,
mais celles-ci viendraient aussi trop tard. Nul ne désire se compliquer la vie
inutilement. Mais la prendre comme elle vient. A condition qu’elle vienne
encore, c’est-à-dire qu’elle ait un avenir sur cette terre. Or, cela, qui peut
l’affirmer en toute certitude – et ne me répondez surtout pas : Dieu, ou
la science, ou n’importe quel autre bazar auquel on devrait faire aveuglément
confiance.
Il faudrait au moins un dieu pour nous
guider sur ces sentiers âpres – vers quoi ou qui nous tourner ? Il est
bien trop tard pour ne serait-ce qu’envisager un « autre
commencement ». Mythe délétère, l’Occident étant bien le temps de l’occis,
de l’oxydation, « le cancer de la vie », comme jeune je l’appelais.
L’avenir s’est toujours présenté sous la forme du « NO FUTURE ».
Quant au présent, Mallarmé a déjà tout dit : « Il n’est pas de
Présent » faute de tout. Cela consonait avec l’exigence d’être
« absolument moderne », sans rien avoir devant ni derrière soi
qu’« un horrible arbrisseau ». (Rimbaud). En route donc. Mais on est vite las
d’avancer sans rien rencontrer de neuf ou même d’autre : le neuf
comme l’étranger sont monnaie courante et n’ont d’ailleurs pratiquement rien de
neuf ni d’étranger. On découvre pour finir qu’il y a moins d’indécidable que de
décisions perdues, trahies, vendues. Ne serait-ce que pour se gagner les
faveurs du public, mot devenu plus obscène que les parties dites privées. Quant
au privé, justement, c’est un mensonge sur tous les plans puisque ça concerne
les nantis, privés de rien, ignorant même le sens de la privation, ce sixième
sens qui est peut-être le seul à faire voir ou toucher ou sentir la vérité nue.
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