C’est lui qui se laisse ou non
habiter, lui qui fait partager son propre vide. Il peut toujours se découper en
autant de tranches ou de morceaux qu’on veut, mais il demeure un dès lors qu’il
n’est plus le temps de faire ceci ou cela. Brusquement, si l’on est habitué au
découpage régulier – un emploi du temps – l’interruption fait percevoir le
temps pur comme ne passant plus et donc comme un temps mort. Seul le mouvement
opère, et c’est un mouvement spatial avec une direction, un d’où et un vers-où,
qui représente l’image courante du temps. Je ne fais ici que reprendre en
simplifiant ce que dit Platon d’abord, parlant dans le Timée (37d) du temps comme « image mobile de
l’éternité » (μένοντος αἰῶνος εἰκὼν χρόνος).
Ou plus exactement, si l’on veut éviter la christianisation rampante, « de
ce qui vit toujours », et là je retraduis Platon en le feu d’Héraclite,
son premier maître à penser. Mais c’est aussi ce que nous appelons communément
« l’existence ». Seul ce qui se transforme dure et repose en soi. Se
transformer en existence « à jamais », voilà exactement tout ce dont
il s’agit avec l’existence (αἰών, différent de χρόνος
toujours occupé à dévorer ses enfants, alors que l’existence ne se soucie que
de durer, μένειν). Ce temps-là est celui qui se joue sans cesse, l'éternel enfant souverain du rien.
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