Je ne me contente pas du visible. En fait, il me dérange plutôt. D’abord
parce qu’il est beaucoup trop visible ; ensuite parce qu’il est aussi trop
visible qu’il cache quelque chose ; enfin, parce que ce qu’il cache, c’est
sa pauvreté. Mais je n’ai aucun goût non plus pour l’invisible. Ils jouent tous
deux la même partition où l’un se met à la place de l’autre pour mieux se faire
voir comme le seul à valoir. Quand on parle du visible, on oublie généralement
de se demander : visible pour qui ?
Voir n’a pas lieu tout seul, un regard doit être dirigé vers… La règle d’or de toute voyance est que le regard doit à la
fois tenir compte de son propre point de vue et le dépasser pour se laisser
montrer ce qu’il y a à voir. Autrement dit, il y a peut-être une parole de
Dieu, ce qui rend a priori la parole risquée, mais il n’y a pas de regard de
Dieu. Il ne regarde personne. C’est pourquoi il doit chaque fois attirer
l’attention un peu à la manière d’un enfant gâté, ou d’un podagre rancunier. Un
vrai dieu ne devrait pas avoir un regard pour ceux qui ne peuvent pas le voir.
Et il ne se soucie certainement pas de se faire (bien) voir.
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